Vert & Rose {Ouvert à tous

Deux Poufsouffles se tiennent par la main. Il est à peu près trois heures du matin. Poudlard est silencieux. Les élèves dorment & les professeurs aussi. Rusard ne se doute pas une seconde que deux adolescents puissent être en train de défier le règlement intérieur du château. Pourtant la situation se présentait bel et bien ainsi. Pour une fois Mouton -comme l'avait surnommé affectueusement Phe'- tentait d'être plutôt discret. Bah oui. Des sous-sols au 7ème étage ils en avaient du chemin à parcourir… Surtout qu’avec ces escaliers… Bon. Il n’allait pas critiquer les escaliers, parce que franchement, il les trouvait géniaux. Mouton s’était paumé des centaines de fois dans Poudlard à cause d’eux, et franchement, il ne regrettait rien. Mais alors là… Rien de rien. Même s’il n’avait que très rarement découvert de nouveaux endroits fantasmagoriques… C’était toujours sympa de se perdre et de retrouver par hasard –quand on s’y attend le moins- son chemin.

Et Paf ça fait des chocapics. Hoho. Les deux adolescents marchaient calmement, presque sur la pointe des pieds. On ne les entendait pas. Deux excentriques comme eux n’avaient pas pour habitude d’être aussi calme en compagnie l’un de l’autre. Pourtant là, s’ils ne voulaient pas que tout parte en chouquettes, fallait se débrouiller pour ne pas faire trop d’bruit.
Après un quart d’heure de marche –parce que les escaliers avaient quand même eu le dernier mot-, ils arrivèrent devant la salle. Enfin, devant là où était censée se trouver la salle. Pendant qu’il suivait comme un gamin Phe’ dans ses allers-retours afin de faire apparaître la porte, il s’amusait à faire tournoyer dans sa main le tube métallisé. Alors que la Poufsouffle s’arrêta d’un coup, lui, complètement impuissant (jtrouve pas l’aut’ mot u_u) s’arrêta aussi d’un coup [bah vi c’est logique muaha] et vlam, le tube tomba par terre et roula jusqu’au mur dans un mur qui se répercuta en écho. Reprenant conscience avec la réalité, le jeune homme sortir l’un de ses sourires trente mille watts toutes dents dehors avant d’aller le rattraper.
Retournant près de Phe’, il attrapa sa main. Pourquoi ? Aucune idée. Il aimait sa présence. Voilà tout. Et après tout, c’était elle qui avait commencé. Il ne pouvait dire que ça lui déplaisait. Point barre. Ils pénétrèrent alors dans la salle, chacun secouant son tube. Hoho. A nous deux le vert.

*

10h30. Samedi. Il pleuvait. Malheureusement. Pourtant le printemps commençait à arriver… Et d’habitude ces derniers jours il faisait plutôt beau. Mais là, nan. Alors tout le monde bossait. Tous des oufs à Poudlard. Genre et tout il allait se mettre à bosser à 10h du mat’ quoi. Travailler à 4h30 du mat’ c’était tellement plus drôle ! Ecrire un devoir de métamorphose sous les charmants ronflements de ses camarades… Au moins il ne risquait pas de s’endormir. C’est pas comme si c’était une berceuse quoi. Et pis des fois il leur balançait des polochons en pleine tronche en gueulant :
« Debout les patates, IL FAAAIT JOUUUUUR.
-MORGAN LA FERME !
-Oh ! Petit ingrat.
-Morgan si j’t’attrape j’t’écrase à coup de bouquins.
-Oho. Et moi j’appellerai SUPER MISS TEIGNE à la rescousse.
-Geuh ? o_o
-Bah ué. ><’ Même qu’elle portera les sous-vêtements de McGo.
-Bonne nuit Morgan.
-Supeeeer Miss Teeeigne…
-T’es vraiment trop con parfois.
-Dors mon petiiiiit Douuuug’, un jouuur quand tu seraaas grand, tu devieeendras grand. »

Bon. Les deux adolescents se dirigeaient vers la grande salle sous le regard étonné de tous ceux qui les voyaient. Mochou avait désormais les cheveux… Verts. Et Rouge-Gorge… Bah rose pardi. C’était marrant. Eux, ils aimaient bien. Et puis, le ridicule ne tue pas. Surtout pour deux gros gamins comme eux. D’une démarche tout à fait tranquille il pénétra dans la grande salle. Les personnes qui s’y trouvaient travaillaient. Ca c’était un peu transformé en salle de perm’ en fait. Certains jouaient aux échecs, d’autres faisaient leurs devoirs. Les derniers se tournaient vers eux et les observaient avec des yeux en soucoupe. Petit à petit les élèves les pointaient du doigt. Mouton arborait un sourire triomphant.

« J’te l’dis. On a trop la classe ! Ca va faire sensass’. Ils vont tous vouloir avoir des cheveux à la Mouton ou à la Rouge-Gorge ! »

{Hésitez pas à poster. On mord pas. MUAHA.}

Deux petits enfants qui se baladaient main dans la main dans le château. Voilà ce qu’aurait vu un élève qui se promenait dans les couloirs à trois heures du matin. Deux petits enfants avec des bombes colorées dans les mains. Et non, les bombes n’étaient pas la version de l’an 2000 pour les petits cailloux de Hansel et Gretel. Quoique, en y repensant bien, peut-être qu’ils n’auraient pas eu à flâner dans les couloirs pendant un quart d’heure s’ils avaient pris la peine de marquer leur chemin. Mais bon. Ils auraient eu du mal à expliquer cela à Rusard, si jamais ils s’étaient fait prendre. Surtout que Rusard, ben il avait bien la gueule de la ‘sorcière’ du conte. La preuve, il avait même un chat. Même si Phe’ doutait que son bureau soit en pain d’épices – à part s’il s’était amusé à le recouvrir de toutes les confiseries et autres gourmandises qu’il avait confisquées. Ce qui serait franchement du gâchis.

Ah, voilà la Salle sur Demande. Phoebe s’arrêta un instant, puis se mit à courir, traînant Mouton derrière elle. Au premier tour, elle failli déraper mais, habituée des chutes qu’elle était, elle récupéra son équilibre en un instant et repassa une deuxième fois. Finalement, alors qu’elle pensait toujours « Il nous faudrait un salon de coiffure ! » en courant, une porte se dessina. La Poufsouffle l’aperçut et s’arrêta, stoppant Mouton dans sa course effrénée. Ce dernier lâcha sa bombe de teinture, qui claqua sur le sol avec un bruit métallique. Classe, Mouton. Très classe. Tu veux que je te trouve une trompette aussi ? Bienheureusement, ce dernier lui adressa un sourire à la fois innocent et joueur, avant de récupérer son tube. Puis il glissa à nouveau sa main dans celle de Phe’, et les deux rentrèrent dans la Salle sur Demande.

Woah. C’est classe. La Salle sur Demande faisait bien son boulot. Elle leur avait fourni un salon de coiffure comme on en voyait rarement. Grandes surfaces en métal, pleins de tiroirs et de placards qui contenaient sans doute des merveilles innommables, des miroirs devant chaque chaise, et plusieurs lavabos pour se laver les cheveux. Phe’ eut un énorme sourire : c’était tout de même beaucoup mieux que ce qu’elle imaginait. Elle posa sa bombe rose sur une table, et partie fouiller dans un placard. Elle en extirpa deux de ces blouses blanches que faisaient enfiler les coiffeurs à leurs clients, pour une raison qu’eux seuls semblaient connaître. M’enfin. Phe’ mit la sienne rapidement, agitant un peu les bras pour faire le fantôme. Puis elle en jeta une à Mouton, qui l’attrapa avec des yeux pétillants de joie.

« Tiens, Mouton. »
« WOAH TROP CLASSE ON S'CROIRAIT DANS DR HOUSE! »
« Ah? Moi j'aurais dis Grey's Anatomy. Allez, enfile, docteur. »
« Doctor Brightside! Wow. Ca tue ses chaussettes quoi! »
Phoebe était hilare. C'était bien typique de son ami. "Ca tue ses chaussettes". Tellement lui, quoi. Elle ne fit aucun commentaire cependant, préférant le pousser vers les lavabos.
« Allez Doctor Brightside. Va te laver les cheveux avant l'opération, pendant que ton assistante elle prépare les instruments. »
« Mais mes cheveux ils sont propres! .___." »

Bien sûr qu’ils sont propres Mouton. Mais ce n’est pas une raison pour ne pas les laver. Allez, hop. Va faire trempette. Et sur ce, Phoebe réussit à forcer le jeune homme sous l’eau, tout habillé qu’il était. #Maintenant on sait à quoi servent les blouses qu’ils nous donnent...# Les exclamations qui suivirent ne firent qu’augmenter le rire de Phoebe – enfin, jusqu’à ce qu’il l’asperge d’eau avec un tuyau. S’ensuivit une bataille d’eau qui eut pour seul effet positif de les calmer quelque peu – si on peut calmer deux adolescents un peu déjantés – et de les laver. Ils sortirent donc, et la jeune fille les sécha tout les deux, avant d’installer son camarade dans un des sièges de la pièce. Elle attrapa ensuite la bombe et relu une dernière fois les instructions et secoua énergétiquement le récipient. C’est que les bombes de teinture sorcières n’étaient pas exactement les mêmes que celles utilisées par les Moldus.
Quatre heures et demie plus tard, environ. Les miroirs de la Salle sur Demande reflétaient maintenant une image bien différente des deux adolescents. Un jeune homme aux cheveux vert feuille souriait à sa compagne, dont les boucles autrefois rousses étaient passées à un rose fuchsia. Cette dernière ouvrait la bouche et roulait du cul exagérément, visiblement en parodiant quelque chose.

« I’m a Barbie girl, in a Barbie World! Life in plastic, it’s fantastic! You can brush my hair, undress me everywhere… »
Etc. Vous l’aurez compris, la jeune fille se moquait de la bimbo la plus connue du monde Moldu.
« Come on Barbie, let’s go party. »
« Ah, ah ah ah ! »

Oui, Mouton s’était bien joint à elle. A eux deux, donc, ils terminèrent la chanson à grand coups de cris exagérément efféminés, avant de se mettre à rire. Ouais, de vrais mioches. Mais admettez qu’à leur place, vous auriez vous aussi voulu jouer un peu. Enfin. Maintenant recolorés à leur fantaisie, les deux jeunes gens décidèrent qu’ils étaient temps d’aller se pavaner devant leurs congénères et leurs cheveux tellement... banals. Ben oui, qui voulait être brun ou blond lorsqu’on pouvait avoir les cheveux bleus ou oranges ? C’était beaucoup plus amusant, après tout. Les deux Poufsouffles quittèrent donc la salle, mains vides cette fois-ci. Ils regagnèrent rapidement leur Salle Commune et tandis que Phe’ allait prendre ses affaires de cours, son ami Brightside ne pu résister à l’envie d’aller réveiller ses camarades. Heureusement, il fut rapidement jeté dehors et rejoint sa camarade qui l’attendait sous le regard ébahi d’autres élèves.

Il était dix heures quarante lorsqu’ils arrivèrent devant la Grande Salle. Les portes étaient fermées, alors ils les jetèrent ouvertes pour rajouter un peu à leur entrée dramatique. Aussitôt, plusieurs regards se tournèrent vers eux. Partout des visages ahuris, des yeux comme des soucoupes et des bouches grandes ouvertes. Oui, ils avaient fait sensation et Phoebe était rayonnante de leur succès.

« Ouais, on va être célèbres ! Peut-être même qu’on deviendra les nouvelles égéries de chez l’Oréal ! »

Et sur ce, elle fit une excellente imitation des cheveux tourbillonnants de la grande marque Moldue, lançant un « Parce que vous le valez bien » doublé d’un sourire charmeur.