Tête en bas et peines de coeur [Poop' <3]

C’était un beau matin de Mars. Le soleil brillait, les oiseaux roucoulaient à deux dans les branchages, et du côté des lacs quelques baigneurs téméraires pénétraient dans l’eau encore glacée. A une bonne distance de la surface d’eau, Phe’ était appuyée contre un jeune arbre, des bruissements venant de la brise faisant bouger l’herbe autour d’elle. Soudain, suite à un bruit inconnu, la jeune fille releva ses yeux de son livre pour venir fixer son regard sur ses pieds nus.
Non non, vous ne rêvez pas. J’ai bien dit qu’elle levait son regard pour voir ses pieds. Bizarre, je sais. Mais lorsqu’on connaît Phe’, il n’y a rien d’anormal. La petite Poufsouffle était tout simplement allongée près d’un arbre, les jambes contre le tronc rugueux, la tête allongée sur le sol. De cette façon, disait-elle, elle pouvait lire et profiter de la journée à la fois. Parce qu’il lui suffisait d’un simple coup d’œil pour voir le ciel dans toute sa splendeur bleutée, et d’un autre pour voir l’étendue d’herbe sur laquelle se mouvait coccinelles et fourmis, sans préoccupations pour la poupée animée qui s’était installée à proximité. Cette dernière était d’ailleurs retournée à son livre, rassurée de n’avoir rien vu d’inquiétant.

Ainsi passèrent une heure ou deux. Peu à peu, tous les autres élèves étaient rentrés manger un déjeuner. La rousse demeura, cependant. Peut-être n’avait-elle pas faim, peut-être était-elle complètement happée par son livre. Les deux solutions étaient aussi probable l’une que l’autre. Toutefois, vers une heure de l’après-midi, Phoebe déposa son livre et enleva ses jambes de l’arbre, pour se remettre dans une position à peu près normale. Elle sortit alors de son sac, qu’elle avait posé à l’ombre d’un buisson, un paquet de sandwichs qu’elle avait demandé à une elfe de maison. Rapidement, l’emballage fut défait et la jeune fille mordit à pleine dents dans un délicieux mélange d’œufs et de cresson.

A cette scène pittoresque il faudrait également ajouter la tenue de Phe’, qui lui donnait un peu l’apparence de Dorothy dans le Magicien d’Oz. En effet, la jeune fille portait une chemise blanche à manches courtes, sur laquelle elle avait superposé une salopette bleue en jean qui s’arrêtait avec ses genoux, laissant ses jambes à l’air. Plus loin, une paire de ballerines rouges vernies attendaient que l’on veuille bien se rechausser. Les cheveux de la Poufsouffle étaient rattachés en deux tresses qui lui tombaient d’un côté et de l’autre du visage, visage démaquillé et rosi par le soleil. Deux rubans rouges achevaient de terminer la coiffure et rendre l’adolescente particulièrement ressemblante à une poupée.

Décidé de flemmarder pendant une journée entière de temps libre ou vous auriez pu largement faire une bonne partie de vos devoirs, c'est pas bien. Pas bien du tout. Mais lorsque le soleil pointe son nez dans ces premiers jours de Mars, vous vous sentez encouragée par Mère Nature. Alors, tant pis pour les devoirs. Et depuis quand, Miss Grace faisait elle ses devoirs quand il fait beau ? Huhu. Elle avait donc passé une agréable matinée au lit, se levant bien après ses condisciples de dortoirs qui avaient, elles, décidées de travailler aujourd'hui. Les pauvres. Mais il avait bien fallut se réveiller lorsque votre ventre crie famine, et que c'est en fait ça qui vous réveille. Détour par la Grande Salle avant d'aller passer l'aprem a révasser sous un arbre.

Il y avait peu de monde dans la Grande Salle, songeant qu'elle était arrivée au bon moment avant qu'ils ne rentrent tous au même moment, elle entama un bon gros déjeuner comme elle les aimes - heureusement que grâce a un métabolisme parfait, elle ne prend jamais beaucoup de poids -, et en route pour le parc. Sifflotant un air complètement stupide qui lui était resté dans la tête, elle poussea les lourdes portes de chênes qui conduisaient au parc, en excluant les dix autres moyens de s'y rendre. Elle pensa tout d'abbord au lac, rien de tel que d'y plongé ses pieds de d'étendre le reste de votre corps sur l'herbe, puis estima que la température serait surement un peu trop froide. Elle avait déja repérer un arbre libre, quand son regard érra sans but précis sur l'étendue devant elle. Il n'y avait pratiquement personne. Personne, a part une chevelure d'un roux si éclatant qu'il était impossible de la manquer. Même si elle ne voyait pas son visage, elle sut tout de suite qu'il s'agissait de Phoebe. Elle fit un pas dans sa direction et s'arrêta. Elle apréciait beaucoup Phoebe, c'était vraiment pas la le problème. C'était qu'elle venait automatiqeument de repenser a son cousin. A Jamie. Non pas qu'elle n'y avait pas pensé depuis leur dispute, mais la , c'était Phoe' quoi. On verra bien.

Sourire radieu aux lèvres, elle s'avança vers la jeune fille, toujours avec son style décalée qui la faisait ressemblée a une poupée, remarquant qu'elle mangait ce qui ressemblait a des sandwichs, avant de se laisser lourdement tombée a côté d'elle.
« Hey Phoe'. Pas mangé ce midi ? »

« Hey, Poopy ! »

Phoebe avala la dernière bouchée de son sandwich, et tourna son regard d’un turquoise éclatant vers la petite de Jam’. Cela faisait longtemps que les deux filles ne s’étaient pas parlé. Sans être unies comme les deux doigts de la main, elles entretenaient une relation assez proche. Peut-être parce qu’elles se complétaient bien. Enfin bref. Supposant que la Serpentard maintenant assise à ses côtés avait déjà mangé, elle se prit un deuxième sandwich sans en offrir un à sa voisine. De toute façon, si Poopy souhaitait lui piquer un bout de son déjeuner elle n’avait qu’à se servir. Elle ne la retiendrait pas.

Un ange passa. La fille aux cheveux enflammés termina son deuxième sandwich et rangea le paquet vide dans sa sacoche, faut de poubelle. Elle sortit ensuite une petite bouteille d’eau qu’elle vida rapidement et replaça également dans le sac. Son déjeuner ainsi terminé, elle leva le visage vers le ciel, telle un tournesol qui se tournait vers le soleil. Les yeux clos, elle s’imbibait de la lumière dorée qui tombait gracieusement sur elle, irisant ses cheveux de mille nuances. Le parc était complètement silencieusement, mis à part le vent dans les feuilles et les bruits d’oiseaux : Phoebe pouvait même entendre distinctement la respiration calme et détendue de Poopy. Finalement, elle décida de briser le silence, sans pour autant ouvrir ses yeux. Sa voix s’éleva, douce et triste à la fois.

« Tu sais, Poopy... Mon cousin m’a raconté ce qui c’est passé dans le bar, l’autre soir. »

Elle s’arrêta un instant, ne sachant pas trop exprimer ce qu’elle ressentait. Mais elle continua quand même, ne pouvant pas laisser la Serpentard en plan de cette façon. Maintenant que le sujet était lancé, il fallait le continuer. Et puis, quelqu’un devait bien expliquer le comportement de son cousin à la pauvre Poopy, qui devait être terriblement déçue. Et qui était mieux placée dans ce cas-là, pour faire comprendre le jeune homme que sa cousine et meilleure amie ? Personne. Cette dernière continua donc, son visage inhabituellement sérieux tourné vers la jeune Serpentard.

« Et je voudrais te dire que je suis vraiment désolée qu’il ait agi comme cela. Tu n’aurais pas pu tomber sur lui à pire moment. »

Et c’était vrai. On pouvait l’entendre dans sa voix : elle était parfaitement sincère. Jamie s’était vraiment comporté de façon écœurante, ce jour-là. Et il le savait, même avant que les yeux de Phe’ le lui aient reproché silencieusement. Aucun mot n’avait été dit sur ce qu’ils pensaient de son attitude, parce que les mots étaient inutiles. Dans ces cas-là, les regards et les gestes parlent bien plus fort qu’un discours. C’était quelque chose qu’ils avaient compris il y a bien longtemps.
Phoebe ne dit plus rien. Elle souhaitait visiblement que Poopy lui parle. Parce que dans ces cas-là, il vaut mieux décharger tout ce que l’on a sur le cœur un bon coup. Et aussi, parce qu’elle voulait réellement aider le ‘It couple’ de l’année à rester ensemble. Parce que, comme elle l’avait dit à Jamie ‘Poopy est la meilleure chose qui t’est arrivée depuis un bon bout de temps’. Sous-entendu depuis le décès de sa mère.

Aucunes paroles ne furent échangés durant le laps de temps auquel Phoebe mangea son sandwich. Poop' ne fû même pas génée par ce silence qui aurait été pesant a n'importe qui d'autre. Le soleil et l'herbe fraiche complétait cette jolie scenette et Poop' jouait furtivement avec un brin d'herbe, attendant d'un air patient que Phoe' ai finalement finit son repas. Lorsque celle-ci eu finit, Poop' tourna la tête vers elle, écoutant ses paroles. Elle se doutait bien le que le sujet Jamie serait mis au tapis bien vite, et Poop' était heureuse d'avoir cette conversation avec Phoebe. Elle n'aurait certaienment pas pu en parler aussi bien avec Kessy, même si les deux jumelles s'étaient réconciliées depuis peu; Phoebe restait la personne qui conaissait Jamie le mieux.

Elle détourna soudain la tête en direction du lac, respirant de brèves respiration inutiles, sentant déja des bouffées de chaleur montant dans son corps. Elle essaya de se resaisir pendant quelques secondes, sentant deux minuscules larmes montés dans ses yeux verts. C'est seulement quand Phoe' lui dit qu'elel était désolée de savoir que son cousin ai agit comme ça, que Poop' détourna la tête vers elle a nouveau. Elle ne parla pas pendant quelques secondes, incapable de sortir un mot qui aurait pu avoir un quelquonque sens. Quand enfin elle se sentit capable d'avoir une conversation censée, elle s'étala un peu plus contre l'arbre, ses jambes relevées contre elle.

« Ah... Il t'a dit... Je sais, enfin, j'imagine que c'est dur pour lui, mais tu vois, j'aurais aimé qu'il sache que j'étais la si il avait besoin de moi. Mais il m'a simplement... enfin, tu es courant. »

Elle se tût un instant. En parler était bien plus dur que d'y penser. Elle adressa un sourire a Phoe' qui n'engagait a rien, un sourire crispé, qui trahirait son manque de confiance en elle. Elle se sentait nulle en ce moment, nulle en tout, inutile. L'amour était un étrange sentiment, c'était ce qui vous décevait le plus quand sa marchait pas. C'était ce qui faisait le plus mal.

« Je sais Poopy, je sais. »

La voix de Phe’ était calme, presque détendue. On aurait pu croire qu’elle parlait de la pluie et du beau temps. Mais ce n’était pas le cas. Enfin si, dans le sens que le caractère de Jamie Salinger, était un peu semblable à celui d’un pays tropical. Beau fixe un instant, pluie torrentielle deux minutes après. De quoi surprendre ceux qui n’y étaient pas habitué. Et si on n’était pas préparé à toutes les éventualités, on s’en prenait plein la tête. Comme pour la pauvre Serpentard assise à côté de son amie Poufsouffle. Phe’, qui avait détourné le regard un instant, revint se fixer sur Poopy, cherchant, scrutant son visage pour en apprendre d’avantage sur ses émotions. Au bout d’un moment, elle reprit la parole.

« Il faut que tu comprennes, Poopy, que lorsque ma tante est morte, il y a deux ans, Jamie a reçu le pire choc de toute sa vie. Sa mère, c’était tout pour lui : il l’aimait plus que quiconque. Son père et lui n’ont jamais été aussi proches qu’il l’était avec elle. Alors, lorsqu’elle a été renversée par une voiture...Ça a été la fin, pour lui. Il était perdu, complètement. Alors il a commencé à boire, fumer. Une fois, il s’est drogué. Son père n’a rien vu. Mais moi et sa sœur, on savait... Peut-être parce qu’on le connaissait un peu mieux. »

Elle s’arrêta un instant, pour reprendre son souffle et remettre de l’ordre dans son discours. Pour l’instant, elle espérait que Poopy comprenait ce qu’elle cherchait à di« Mais ça ne veux pas dire qu’il est guéri. Loin de là. Il a tout simplement appris à ignorer la douleur, et à faire avec. C’est pour ça, Poopy, qu’il ne veut pas en parler. Parce que pour ça, il devrait s’admettre que ce n’est pas fini. Qu’il souffre encore, comme au premier jour. Et peut-être que, si on ne peut pas faire partir le mal, on peut le réduire à un minimum. On ne récupère jamais de la mort de ses parents. »re. En effet, le dessein de Phoebe n’était pas d’excuser Jam’ : il était à peu près tout dans une situation inexcusable. Mais comme il a déjà été dit, l’accuser ne servirait à rien et se mettre en colère encore moins. Son cousin, ce n’était pas vraiment le genre de personne de qui on se faisait écouter par des cris. Cela lui rappelait trop son père et ses sermons. Non, avec lui, la douceur et le tact étaient de mise. Mais avant d’expliquer cela, Phe’ voulait parler d’autre chose à Poop’.

« Oui, on savait. Et on n’en a parlé à personne. Tu penseras peut-être que c’était la mauvaise chose à faire, mais j’ai grandi avec mon cousin. Et je le connais assez bien pour savoir que ça ne l’aurait pas vraiment aidé. Alors, on a fait ce qu’on a pu : on a été là pour lui. A lui montrer que tous ceux qu’il aimait n’étaient pas tous partis. Que nous, on était encore présentes à ses côtés...Je ne sais pas si ça a marché. Ce que j’ai vu, c’est sa sœur qui commençait à suivre le même chemin que lui. C’est ça, je pense, qui l’a fait remonter de la pente. Voir combien ça la détruisait, elle aussi. Alors il s’est repris, pour devenir celui que tu connais aujourd’hui. »

Une pause.

Poopy écouta de toute son attention les paroles de Phoe', qui la touchait énormément. Elle se sentait toute chose, très triste, d'en savoir plus sur le triste passé de Jamie. Il fallait avoué qu'elle n'avait pas vu les choses selont l'angle que Phoebe lui expliquait. Elle s'était contentée de l'explication très simple du garçon qui a perdu quelqu'un et qui noie ses soucis dans l'alcool. Oh, bien sur, c'était l'idée générale. Mais il y avait plus en profondeur, si on cherchait vraiment. C'était dur pour lui, plus que Poop' n'aurait pû l'imaginer. Entendre Phoe' lui expliquer l'histoire la troublait beaucoup. C'était étrange de voir combien votre petit ami souffre en silence. Elle ne tilta, ni se choqua a l'évocation de la drogue, et de l'alcool. Niveau alcool, elle ne pouvait pas vraiment juger. Elle en consommait elle même... Pour s'amuser, pas pour se souler intentionellement. Quand a la drogue... Elle avait essayer, une fois certes, mais n'y avait jamais re-toucher. Entendre de telles choses était assez dificille, vraiment. Elle se sentit tout d'un coup inutile, comme si elle n'avait fait que du mal a Jamie en le disputant ainsi. Démunie, elle se sentait démunie.

Elle en avait même du mal a répondre a Phoe'. Elle écoutait, écoutait et se contentait d'écouter. Que Phoebe puisse lui confier des choses comme sa la touchait. Elle en aurait presque été émue.En fait, elle se sentait très bizarre. Toute radoucie. Elle était incapable de répondre a Phoebe quelque chose d'important a part, non elle ne savait même pas quoi dire. C'était trop. Alors elle continuait d'écouter. Avec la même attention. Avec la même apréhension d'apprendre quelque chose d'un peu plus pire à chaque mots. Lorsque Phoebe eut finit de parler, Poop' se demanda comment elle n'avait pas pu voir que Jamie n'était pas totalement heureux, et qu'il était tellement triste a l'intérieur. Lorsqu'elle recouvrit la parole, elle parla d'une voix lointaine, rauque:

« Wha. Heureusement que vous étiez la, hein... Je m'en veux. Sa n'a pas du être une période simple, et j'aurais du voir que Jamie n'allait pas bien, j'aurais du. Je ne sais même pas quoi dire après tout ce que tu viens de me dire. Mais continue, je t'en prie. »

Elle se tut a nouveau. Ses paroles n'avaient pas vraiment d'intérêt particulier. C'était juste histoire de dire quelque chose, de montrer qu'elle se sentait vraiment concernée par la conversation. Qu'elle aimait, vraiment Jamie. Qu'elle désirait l'aider. De tout son coeur.

En entendant la voix de Poopy, Phoebe sut qu’elle avait choisit les mots qu’il fallait. Que ses paroles l’avaient touchée, et qu’elle commençait à comprendre. A comprendre ce qui avait amené son petit ami la où il en était aujourd’hui. Et pourquoi il s’était comporté de cette façon dans le bar. Parce que ce n’était pas le vrai Jam’, celui que Poopy avait entrevu l’autre jour. C’était une simple facette de sa personnalité. Celle qu’il revêtait lorsqu’il allait mal, lorsque la douleur l’atteignait et qu’il ne trouvait pas d’autre moyen pour s’en sortir. Boire, fumer et encore boire. Parfois au point que Phe’ l’avait plusieurs fois retrouvé à demi-inconscient dans la salle de bain de chez son oncle, lorsque les visites de famille annuelles avaient lieu. Et elle, que faisait-elle dans ces cas-là ? Et bien, elle lui passait une serviette fraiche sur le visage, le soutenait si jamais il était pris de nausées, lui donnait un verre d’aspirine et parfois finissait par le border lorsqu’il était assez exténué pour s’endormir. Et tout cela, elle le faisait sans rechigner. Sans se plaindre, et encore moins lui hurler dessus.

Pourquoi, pourrait-on se demander, était-elle si prête à accepter le comportement de son cousin ? Parce que ce n’était pas sa place de le critiquer. Elle qui disait généralement exactement ce qu’elle pensait, elle avait réussi à contrôler sa langue pour lui. Étant donné que des remontrances ne réussiraient qu’à aggraver la situation, elle n’avait rien dit. Mais cela n’empêchait pas ses yeux de montrer ce qu’elle en pensait. Et pour quelqu’un qui, comme son cousin, la connaissait aussi bien, ce n’était pas dur d’y lire son opinion. C’était après tout quelqu’un au visage très franc et honnête, majoritairement. A ses risques et périls, puisqu’il existait dans son entourage des personnes qui n’appréciaient pas ses commentaires. M’enfin bon. On ne peut pas plaire à tout le monde hein?

« Tout à l’heure, tu as dit que tu voulais qu’il sache que tu étais là pour lui... Je pense qu’il sait que nous sommes là pour l’aider. Mais dans notre famille, les problèmes on se les garde pour soi. Pourquoi, je n’en sais rien, mais c’est comme ça. Alors il ne parlera peut-être pas. Peut-être qu’au bout d’un moment, il se rendra compte tout seul qu’il faut qu’il s’ouvre à quelqu’un. Que ce soit moi, toi, ou quelqu’un d’autre. J’en ai aucune idée. J’espère juste que cette personne saura quoi dire. »

Une nouvelle pause.

« En attendant, je pense qu’il s’excusera – s’il ne l’as pas déjà fait. Il devait avoir bu un peu plus que normalement, ce soir-là. Et si je le connais assez, il s’en voudra de t’avoir parlé comme ça. Il t’aime, tu sais. De tout son cœur. Et comme c’est réciproque, sois-là pour lui. Tu l’aiderais plus que tu ne puisses l’imaginer. »

La non plus, elle ne répondit pas tout de suite. Elle avait la gorge incroyablement sèche, et lui semblait difficile de sortir un son qui aurait voulu dire quelque chose. Alors elle gardait le silence, la tête résolument tournée vers le lac. Il n'y avait personne, et le calme qui régnait aurait pu semblé dérangeant, mais Poop' avait autre chose a penser qu'a l'embarras du moment. Sa avait été tellement dur pour elle de garder son calme pendant la dispute. Elle n'était pas ce genre là. Elle, plutôt, s'énervait dès que la situation devenait trop compliquée pour elle, et qu'elle n'arrivait pas a la gérer. Que tout ne se déroulait pas comme elle l'aurait aimé. Alors elle s'énervait, c'était comme se donner une constance, mais ce que lui disait Phoebe la faisait réfléchir. Peut être que controler sa colère ne serait pas plus mal.Elle n'aurait certainement pas du s'énerver contre lui, sa n'avait pas arrangé la situation...

Elle continuait de garder obstinément le silence, consciente de la difficulté de la situation. Elle se sentait étrangement mal, tout a coup. Savoir que celui qu'elle aime était si mal et qu'elle ne le voyait qu'après avait quelque chose de dérangeant. Elle détourna son regard vague du lac, et écoutait avec une immense attention ce que lui disait Phoebe. Et elle ne savait même pas quoi lui réponde. Elle était touchée que Phoebe lui dévoile autant de détails, cela signifiait-il qu'elle lui faisait vraiment confiance? Bien sûr. Elle le savait, mais entendre Phoebe lui raconté l'une des pires parties que Jamie avait du enduré dans sa vie était quelque part réconfortant. Elle se sentait moins idiote par rapport a l'autre soir, maintenant qu'elle en conaissait plus ou moins les raisons. Elle adressa un signe de tête a Phoe', comme pour lui dire qu'elle avait bien reçu le message, mais qu'elle était incapable de lui répondre quelque chose. Elle aussi, elle espérait qu'il se confierait a quelqu'un. N'importe qui. Phoebe ou elle. Ou même un ami, quelqu'un. Elle voulait que Jam' aille mieux, pas pour elle, ou même pour leur relation, non, elle voulait que Jamie aille mieux pour lui. Elle parla toujours de cette voix loingtaine, rauque, mais c'était presque un murmure.

« Je serais la, pour lui. Toujours. »

Et c'était vrai. Elle serait la. Quand il viendra la voir, et si il ne le fait pas, alors elle patientrait. Elle savait qu'il l'aimait, et lui savait qu'elle l'aimait. Elle attendrait qu'il veuille vraiment en parler. Et elle s'excuserait, elle aussi, d'avoir agi comme ça. Elle l'aiderai de son mieux. Mais pour le moment elle se sentait...

« ... Impuissante. Phoebe, je me sens tellement impuissante. Je ne sais pas comment agir pour le moment. Mais je patientrais, j'attendrais qu'il aille mieux, et qu'il désire me parler a nouveau. Mais pour le moment, je ne me sens que trop mal ».

"Je n'en doute pas. J'ai confiance en toi."

Oui, Poopy n’abandonnerait jamais Jamie, ça Phoebe en était sûre. Elle en mettrait sa main à couper. Car on n’avait beau prétendre que les Serpentards étaient fourbes et cruels, la jeune Grace assise à côté de son amie n’était rien de tout cela. Orgueilleuse, rusée et ambitieuse sûrement. Mais fourbe ? Pouvez-vous l’imaginer en train de trahir ceux qu’elle aimait ? Non ; Phe’ non plus. Et quand à une prétendue cruauté... Nous sommes tous cruels, au fond. Même si ce n’est que durant notre enfance, lorsqu’on arrachait les pattes à de pathétiques insectes sans défense. La cruauté est innée chez l’homme ; c’est dans sa nature. Cette cruauté qui se manifeste chez nous à notre plus basse enfance, ce trait de caractère qui nous transforme en monstres, c’est une partie inconvertible de notre esprit.

Inconvertible oui ; mais contrôlable. La majorité des êtres humains, qu’ils soient hommes ou femmes, sorciers ou Moldus, Sang-Purs ou Sang-Mêlés, étaient capable de se retenir et ne pas faire de mal à leur prochain. Contenir l’atrocité qu’ils renfermaient au plus profond d’eux-mêmes, n’était-ce pas cela le véritable pouvoir de toute personne civilisée ? Passer de la barbarie à la sophistication, c’était accepter la notion de compassion. Mais si l’on tient compte de cette pensée, peut-on considérer que les humains sont aussi civilisés qu’ils le prétendent ? La réponse est bien évidemment non. Les hommes sont encore à demi-sauvages, puisqu’ils continuent à se faire souffrir entre eux par pur plaisir. Et je ne parle pas des guerres, car rares sont les soldats qui prennent réellement plaisir à soutirer la vie de leur adversaire. Non ; je parle de tout ces gens misérables et sadiques qui passent leur existence à faire du mal aux autres, pour satisfaire leur propres désirs et asservir leur besoin de supériorité. Ces gens-là sont des sauvages.

Phoebe tourna pour la première fois depuis un bout de temps son visage vers celui de la préfète de Serpentard. Oui, elle ne comprenait que trop bien ce que ressentait la jeune fille. C’est pourquoi, sans cérémonie, elle la prit doucement dans ses bras comme un enfant qu’on berce.

« Je comprends ce que tu ressens. Moi aussi je me sens pareille. Mais il faut que l’on continue à l’aider, Poopy. Il le faut. Sinon il ne s’en sortira jamais. »

PARLER FAISAIT DU BIEN.. Un bien fou. Parler avec Phoebe, surtout. Bien sûr, elle aurait pu en parler a sa soeur, ou a ses amies. Mais Phoe', c'était différent. C'était un peu comme être avec Jamie. Les deux cousins étaient tellement proches... et Phoe' la comprenait. Alors c'était facile de s'ouvrir avec elle. Elle l'aimait vraiment beaucoup. Non pas parce que c'était la cousine de Jamie, et que donc logiquement elle se devait de l'aprécier, mais parce que c'était une jeune fille formidable. Il n'y avait pas de mots pour la décrire en fait. C'était une petite poopée qui débordait d'amour a donner et de conseils, et qui était complètement taréee, aussi. Le monde avait bien besoin de Phoebe. *

Entre Phoe' dire qu'elle avait confiance en Poop', lui amenait un bonheur sans égal. Ça faisait un tel bien d'entendre cela. Mais elle était tellement triste a cause de Jamie... Elle doutait, elle ne faisiat que ça, douter. Elle était en colère après lui, et en même temps elle s'en voulait. Elle s'en voulait de tout ce qui s'était passé, elle en voulait a Jamie d'avoir réagi comme cela, d'être comme cela. Mais tout cela n'était que des excuses. Des idioties. Jamie avait eut raison, de lui indiquer clairement toutes ces choses. Cette dispute était inévitable, de toute façon. Et mieux valait qu'elle arrive, de toute façon. Ils en avaient besoin. Besoin de franchise. *

« Alors on continuera Phoebe. J'te jure. »

Il n'y avait pas d'autre moyen que de continuer. Continuer a le soutenir, même s'il ne lui adressait plus la parole. Tout finirait par s'arranger, elle le croyait, elle le voulait vraiment. Ne dit-on pas que quand on veut on peut ?! Putains de dictons, aussi. Elle sourit a son amie. Qu'aurait-elle fait, sans elle ?! Elle se serait peut être jetée de la tour d'Astronomie, au final. Oui, oui, c'était une bonne idée ça ... Mais non, elle allait un peu mieux, là, tout de suite, rassurée par Phoebe. Elle n'était pas la meilleure pour dire merci, mais la situation l'exigeait.*

« Merci Phoebe. Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi. Tu es formidable, Caulfield chérie. »

Tu m'étonnes qu'elle était formidable. Il n'en existait pas deux comme son amie, et elle la remerciait tellement de ce qu'elle venait de faire. Peut-être n'en avait-elle pas conscience, mais elle guérissait un peu ses peines. *

« J’en suis heureuse. »

Sourire de Phe’. Mais pas le joli sourire qu’elle adressait à un beau garçon, celui qui faisait battre les cœurs de plus d’un. Pas le sourire qui s’étirait jusqu’à ses oreilles lorsqu’elle faisait une bêtise. Pas celui non plus qui apparaissait sur son visage lorsqu’elle savait quelque chose, le sourire mystérieux que ses amis associait également à la Joconde. Pas le sourire ironique – voir sarcastique – qu’elle donnait à ceux qui se moquaient d’elle. Pas le sourire distant et rêveur qui glissait fréquemment sur son visage comme de l’eau de source. Et certainement pas le sourire de Jam’. Non, cette expression-ci était triste. Si son visage n’avait pas été à demi caché par les cheveux de Poop’, n’importe qui aurait pu voir la tristesse et la mélancolie qui inondait à cet instant le visage de poupée de l’adolescente. Soudain, elle paraissait bien plus vieille que d’habitude. Du haut de ses quinze ans, elle en faisait soudain quarante. De quoi prendre un sacré coup de vieux, pour une fille qui ne brillait pas par son corps à en tomber debout.

Non, Phe’ ce n’était pas le canon blond à large poitrine, avec jambes élancées et taille de guêpe. C’était une de ces filles qui restent dans leur corps d’enfant tout en y ajoutant la beauté de l’âge adulte. Moins joliment dit, la Caulfield était plate comme une planche. Et elle ne s’en souciait pas plus que ça. Ses amies, plus gâtées dans ce domaine, se plaignait souvent de la douleur atroce ressentie lorsqu’elles se prenaient un Souaffle dans le buste, ou le regard de leurs camarades. Certaines se plaignaient même de ne plus voir leur pieds (on ne se moque pas, c’est atroce x_x). Alors la grâce enfantine de leur amie leur faisait envie. Elle, libérée de tous ces problèmes, n’y connaissait rien. Les garçons se fichait de son physique : tout ce qui comptait, c’était sa présence. Et elle était bien mieux comme ça. Traîner avec de jeunes garçons lui permettait de faire beaucoup de choses qu’un entourage composé entièrement de filles. Et vive la diversité !

« Bien sur que je suis formidable ! Tu t’imagines la vie sans moi ? »

Phoebe avait relâché Poopy. Son sourire triste était parti, et maintenant une mine joueuse et éclatante l’avait remplacé. Un signe « Peace » avec la main droite : elle prenait une pose de gamine digne des mangas. En vérité, Phe’ restait un personnage de manga transposée dans la réalité. Hystérique, folle à lier et aimante. Une véritable héroïne donc. A quand les aventures dans un monde parallèle ?

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